La convention Aeras (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) est un dispositif permettant aux personnes présentant un risque aggravé de santé d’accéder plus facilement à l’assurance emprunteur et au crédit. Dans le cadre des crédits à la consommation, cette convention revêt une importance particulière pour garantir l’égalité des chances et faciliter les démarches pour les personnes concernées. Cet article propose une analyse juridique approfondie de la convention Aeras et des crédits à la consommation.
La Convention Aeras : historique, objectifs et principes
La convention Aeras a été signée en 2006 par les pouvoirs publics, les organismes assureurs, les banques et les associations de malades. Elle trouve son origine dans la volonté d’améliorer l’accès au crédit pour les personnes présentant un risque aggravé de santé, c’est-à-dire celles ayant ou ayant eu une maladie grave ou chronique. La convention a ensuite été révisée en 2011 et 2015 pour renforcer son efficacité.
Son principal objectif est de faciliter l’accès à l’assurance-emprunteur pour ces personnes, qui sont souvent confrontées à des refus ou à des surprimes importantes. Or, cette assurance est généralement obligatoire pour obtenir un crédit immobilier ou un prêt professionnel. La convention Aeras s’applique également aux crédits à la consommation, bien que l’assurance emprunteur soit facultative dans ce cas.
Les principes fondamentaux de la convention sont :
- Le principe de non-discrimination, qui interdit aux assureurs de refuser un contrat d’assurance en raison du seul risque aggravé de santé.
- Le principe de confidentialité, qui garantit le respect du secret médical et encadre l’accès aux informations de santé des candidats à l’assurance.
- Le principe d’évaluation individuelle du risque, qui oblige les assureurs à examiner chaque dossier au cas par cas et à proposer une offre adaptée.
La mise en œuvre de la convention Aeras dans les crédits à la consommation
Dans le cadre des crédits à la consommation, la convention Aeras se traduit par plusieurs dispositifs spécifiques :
- La création d’un dossier médical simplifié, qui permet aux personnes présentant un risque aggravé de santé de fournir des informations succinctes sur leur état de santé. Ce dossier doit être rempli par le médecin traitant et transmis directement à un médecin-conseil désigné par l’assureur, afin de préserver la confidentialité des données médicales.
- L’aménagement des conditions d’octroi des crédits pour les personnes concernées. Par exemple, les banques peuvent proposer des prêts sans assurance ou avec une assurance minimale, si le coût ou les garanties de l’assurance emprunteur sont jugés excessifs ou inadaptés au regard du risque aggravé de santé.
- La mise en place d’un droit à l’oubli pour certaines maladies, qui permet aux personnes guéries depuis un certain délai de ne pas mentionner leur antécédent médical lors de la souscription d’un crédit à la consommation. Ce dispositif vise à éviter une discrimination persistante et injustifiée à l’égard des anciens malades.
Cependant, l’application de la convention Aeras dans les crédits à la consommation reste perfectible. Les associations de malades et les autorités publiques pointent notamment des difficultés d’accès aux informations et une méconnaissance du dispositif par les acteurs concernés. Par ailleurs, certains estiment que le champ d’application de la convention devrait être élargi pour couvrir davantage de situations et de pathologies.
Les perspectives d’évolution et les enjeux juridiques
Face aux défis rencontrés dans la mise en œuvre de la convention Aeras, plusieurs pistes d’amélioration sont envisagées :
- Renforcer l’information et la formation des professionnels du secteur bancaire et assurantiel, afin qu’ils puissent mieux accompagner les personnes présentant un risque aggravé de santé dans leurs démarches.
- Développer des outils numériques pour faciliter l’accès aux informations sur la convention Aeras et simplifier les procédures administratives.
- Réviser régulièrement la liste des maladies éligibles au droit à l’oubli et adapter les critères de prise en compte du risque aggravé de santé, en tenant compte des avancées médicales et scientifiques.
Sur le plan juridique, la convention Aeras soulève également des questions relatives à la protection des données personnelles et au respect du secret médical. La mise en conformité avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD) et les évolutions législatives en matière de droit à l’oubli sont autant d’enjeux cruciaux pour garantir l’effectivité du dispositif et préserver les droits des personnes concernées.
En conclusion, la convention Aeras constitue un instrument essentiel pour favoriser l’accès aux crédits à la consommation pour les personnes présentant un risque aggravé de santé. Toutefois, son application nécessite une vigilance constante et une adaptation permanente aux réalités médicales, économiques et juridiques. Les acteurs concernés doivent donc s’engager résolument dans cette démarche d’amélioration continue, afin de concilier efficacement les impératifs de protection des emprunteurs et de maîtrise des risques pour les établissements financiers et les assureurs.